Vanille, sourires et mémoire
- Alizé BFS
- 16 févr. 2023
- 2 min de lecture
C’était samedi, aux 40 ans de Nadège. Elle m’a regardée fixement d’abord, par petits coups d’œil à la dérobée ensuite. Jeune avec de longs cheveux cascadant jusqu’au bas de son dos. Par moments, je sentais son regard sur ma nuque et quand je me retournais, elle échangeait des paroles avec ses amies, un sourire en coin.

Puis j’ai croisé Nadège, on a mangé, on a fêté, la soirée s’est terminée et je suis rentrée. Tout aurait pu s’arrêter là, sauf que ce matin, alors que j’hésitais tranquillement entre lasagne verte ou cannellonis, j’entends une voix m’interpeller du fond du rayon du supermarché.
« Sandriiiiiiiiine ? » C’est elle. Elle se jette à mon cou.
« Heyyyy, salut ! » *bisou sur la joue droite*
« Comment vas-tu ? » Son sourire est radieux.
« Bien, bien merci et toi ? » Je fais semblant de rien.
« Super ! On s’est vues samedi, mais j’ai l’impression que tu ne m’avais pas reconnue alors je n’ai pas osé venir te saluer » Son regard est plein d’espoir. Je dois dire quelque chose.
« Oui effectivement, à la soirée de Nadège » Avec ça, je ne risque rien.
« Oui, c’est ça ! » Elle a l’air rassurée.
« Désolée... Tu sais parfois, hors contexte, j’ai du mal à replacer les gens » *soupir *
Ses yeux pétillent. « Je comprends pas de problème. Comment vont François et Lulu ? » Bon sang, ça devrait tilter à un moment donné.
« Oooh ils vont bien, je te remercie » Elle connait mes enfants ? Je suis complètement perdue.
« C’est super, je suis désolée, il faut que je file. A bientôt ! » *Bisou sur la joue gauche*
« Aucun problème, fonce, oui à une prochaine ! » Je la regarde partir, ahurie.
Elle disparait aussi vite qu’elle n’est apparue. Et là, pour moi, c’est le néant absolu. La terre s’ouvre sous mes pieds. Je me sens tomber dans le plus profond des précipices. Mes neurones turbinent, de la fumée me sort des oreilles. C’est une catastrophe… Je n’ai aucune idée de qui elle est. Mais alors, pas la moindre !
Depuis, elle me hante. Je ne peux passer une journée sans revoir son visage chaleureux. Sentir le doux parfum de vanille qui m’a chatouillé les narines quand elle m’a embrassée. Je me ballade quotidiennement sans raison dans les rayons de ce magasin en espérant l’y recroiser. On ne m'y reprendra plus, dès que je la vois, je lui demande: Mais qui es-tu ?
Sandrine
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