Des parents le font tous les jours!
- Alizé BFS
- 21 févr. 2023
- 3 min de lecture
Ce matin, j’ai mis mes lunettes dans le frigo. J’ai rangé ma brosse à dents dans la machine à laver et j’ai voulu natter les cheveux courts de François. C’est clair, je suis fatiguée.

Lulu est malade. Voilà 3 nuits que je ne dors plus. Mes yeux louchent et j’ai des vertiges.
Qu’à cela ne tienne, des millions de parents l’ont fait avant moi. Je vais y arriver.
Face au miroir de la salle de bain, je me répète en boucle ce mantra. Je peux le faire ! Je peux le faire ! Ouuuu-Ha… Petit Haka… Histoire d’effrayer la poule mouillée qui se cache en moi. You can do it ! Who’s the badass ? YOU ! YOU CAN DO IIIIIIIIIIIIt ! (Toujours se le faire en anglais, ça donne plus de pêche).
J’ai une tête de zombie et des cernes jusqu’aux genoux, mais au moins, je suis boostée (peut-être que les 4 cafés que je viens d’engloutir m’ont un peu aidée). J’enfile ma veste, hurle sur François de se dépêcher, et empoigne le Maxi’ que je dépose sans ménagement sur le siège arrière de la voiture.
Alors que je me débats pour le sangler, je réalise qu’il fait étonnamment calme. Je sors la tête de la voiture et vois sur le pas de la porte, François et Lulu qui me regardent avec de grands yeux. Lulu ?? Mais enfin, qui-est ce que je ballade dans ce foutu siège depuis tout à l’heure ? Je baisse les yeux… Pepa pig me fixe avec air moqueur (oui, oui, moqueur! Je suis certaine qu’au fond de toute cette mousse se cache un esprit diabolique qui n’a d’autre objectif que de me faire tourner en bourrique). *Soupir*.
Je vole chercher Lulu, hurle (à nouveau) sur François de s’installer. Et pendant que j’attache (cette fois-ci c’est la bonne) la petite dans son siège, je souffle et respire aussi fort qu’une asthmatique allergique au pollen après une balade en forêt au printemps. J’ai chaud, je sue. La douche que j’ai prise 15 minutes plus tôt me semble bien loin.
Les enfants déposés, je peux respirer. De quoi me recentrer pour arriver au bureau réveillée et prête à l’action (des parents le font tous les jours, tu peux y arriver). J’ai mal à la tête. (YOU can DO it).
Aujourd’hui, c’est meeting au boulot. Je dois présenter l’avancement du projet qui m’occupe depuis 2 mois. C’est la cata, mes neurones se carapatent et ce projet est au point mort.
« Ça va Sandrine ? Tu as une drôle de tête ? »
(Je la dévore toute suite cette collègue dégoulinante de bonne intention ?)
« Ça va super, merci ! Bonne journée à toi aussi »
(elle ne m’a rien souhaité, mais ce n’est pas grave, on fera comme si)
*Tink* L’ascenseur s’ouvre. J’entre. J’attends. Le temps passe. Bon sang, j’oublie de lui dire où je veux aller. Je grommèle et lui lance « Tu devrais le savoir, tous les jours c’est la même chose ».
*Tink* A gauche, au fond du couloir à droite. Un. Deux. Trois. Quatrième bureau sur la droite. J’y suis. Je jette mon sac par terre, et m’échoue sur ma chaise de bureau. Plus que 20 minutes avant ma présentation. Mon cœur bat la chamade (tu vas y arriver). Il faut que je dorme. (You can do it) juste un peu, histoire de me retaper. (Tu peux le faire). Vraiment pas longtemps.
*toc*toc* "Sandrine ?"
Sursaut. Je relève la tête. « Oui ? ». J’ai la bouche pâteuse.
« Tu viens ? On t’attend pour le meeting ? »
« Je prends mes feuilles et je viens ! »
Petit regard vers l’horloge, il est 10h, j’ai dormi 20 minutes. J’ai toujours ma veste sur le dos. Mon sac git par terre et ma présentation n’est pas prête.
Mais il parait que des parents le font tous les jours, je devrais pouvoir y arriver.
Allez, bonne journée.
Sandrine
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