Quelques minutes de liberté
- Alizé BFS
- 14 déc. 2022
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 déc. 2022
24h, top chrono, et quand tout est fait... Il nous reste ce temps précieux, juste pour nous, avant de s'écrouler, de s'endormir pour recommencer le lendemain.

Il est 20h30, les enfants sont couchés. La cuisine est rangée. Le chat est nourri. Les lessives sont terminées. Les jeux sont rapatriés dans leurs boitiers. Les lunchs du lendemain sont préparés. C’est merveilleux. Il me reste 1h30 de liberté.
En réalité, il me reste 1h15 car je devrai me laver les dents, me brosser les cheveux (un must-do pour garder des cheveux éclatants de santé), me passer de l’eau micellaire sur le visage (ouf, je ne suis pas maquillée aujourd’hui, sinon je pouvais ajouter 10 minutes de plus à ma prep’night routine) et me mettre en pyjama.
1h15. Zut, j’ai oublié de préparer le colis Zalando que je dois renvoyer. Demain, je vais au bureau. Depuis le télétravail, je n’y suis plus si souvent, et le point poste est juste à côté. Je ne dois pas oublier de prendre mon colis. Le temps file. Ça fait déjà 2 semaines que je l’ai reçu. En plus de ne pas avoir reçu la bonne couleur de sweat, le modèle ne me va pas du tout (pourquoi je commande sur internet déjà ?).
Evidemment, j’étais tellement heureuse de recevoir mon colis le lendemain de ma commande, vous pensez.. J’ai déchiré le paquet (sans penser que je devrais peut-être le renvoyer). Déchiré? Déchiqueté, éventré, réduit en miettes serait sans doute des termes plus adéquats. Bref, je dois refaire l'emballage.. Qu'est ce que je vais bien pouvoir utiliser? Il a reçu quoi déjà le petit pour la St-Nicolas? Ah! Fantastique... La grosse boite de son 182ème Lego me sera utile finalement (Merci St-Nicolas).
Elle est où déjà cette caisse ? Ah oui, dans la buanderie, près de la poubelle. Mince, la poubelle !!! Le camion passe demain et elle est pleine à craquer. Ok je fais vite ça, puis j’emballe mon colis. Je vais la sortir déjà, parce que demain matin, c’est clair je vais l’oublier.
Bon sang, ça caille dehors. Vite mes baskets, une écharpe parce qu’il ne faudrait pas attraper la grippe maintenant, ça va être les fêtes.
Mon écharpe.. Mon écharpe.. Mon écharpe…
Impossible de la retrouver dans le fouillis du porte-manteau. *soupir* Je hais ce porte-manteau. Quoi qu’on fasse, il y a toujours des tonnes de linges et de sacs qui y pendent. Non mais vraiment, on est 4 à la maison, et on dirait qu’on accueille une vingtaine d’invités tous les soirs.
En y regardant de plus près, il y a beaucoup de vestes à moi. Chuuuut, on ne dira rien (je compte sur vous), je les remonte dans le dressing juste après, comme ça on en parle plus. Ah mon écharpe ! Youpi. Allez c’est parti, je fonce mettre la poubelle sur le trottoir. Ok, c’est bon. C’est fait. *frissons et bruits gutturaux* Comme on dit chez nous, ouftiféfraisti.
Je fais le tour du porte manteau, j’embarque les trucs à moi et je monte ranger le tout dans le dressing. Sur la pointe des pieds, la chambre des enfants est juste à côté. *Bling* la porte de l’armoire (je grimace). *Blang* La ceinture de mon jean qui se déroule telle une vipère en attaque et tombe par terre (double grimace).
EN SILENCE, bon sang, ce n’est pas si compliqué, pensé-je.
*mmmh mmmh.. Ouiiiiiiiin* fait l’enfant qui se réveille. (soupir). Je passe dans la chambre, ramasse tétine n°1 lancée à travers la pièce (pratique ces tétines lumineuses), me penche au dessus du lit de la petite dernière. Chhhh, chhhhh.. *plop* tétine n°2 en bouche. Elle se retourne sur le côté. Ouf. On a évité le pire. Petit coup d’œil au grand, c’est bon, il ronfle. Je quitte la pièce.
Oh, je dois faire pipi. Petit détour par la salle de bain. Hop. Vision d’ensemble, je regarde la machine à laver installée en face. Oh, le hublot de la machine est super poussiéreux en fait.. C’est vrai que je n’y passe jamais la loque quand je nettoie (qui fait ça ?). *bruit de chasse*. Lavage de main (obligé de le dire, sinon on pensera que je ne le fais pas). Lavage du hublot, du joint de la machine et du bac à produits (oups.. j’y suis.. autant continuer et faire tout, non ?). Bon et bien, tant que je suis dans la salle de bain, autant se laver les dents et se mettre en pyjama. Ce qui est fait n’est plus à faire. Tant pis pour le dessert, je le prendrai demain. Après tout, il serait temps que je fasse une pause sur le sucre. Ça va être les fêtes, et depuis le passage de Saint-Nicolas, on en mange déjà tellement.
Brossage de dents, détox visage, enfilage du pyj’ . C’est bon. Rangement de la salle de bain (je crois que le grand n’a pas compris le sens du mot rangement.. je taperai sur le clou demain. J’aurais bien envie d’aller le chercher par la peau du cou maintenant, mais je ne suis pas certaine que ça me rendrait service dans l’immédiat. A chaque jour suffit sa peine – oui, j’aime les expressions-).
Je descends. Je m’assieds dans le canapé et je réfléchis. Je voulais faire quoi déjà ??? Quelle heure est-il ? 21h. Heiiin ? Mais enfin, j’ai juste sorti une poubelle, rangé une veste et fait pipi. Il y a des failles spacio-temporelles dans cette maison. Il me reste 45 minutes de liberté. Mais comme j’ai déjà mis mon pyjama etc. J’ai du temps bonus. Bref, j’ai 1h devant moi. Waw. On a tout le temps du monde, c’est génial. Plus moyen de me rappeler ce que je devais faire. Ça reviendra. Et si ça ne revient pas, c’est que ce n’était pas important.
Qu’est-ce que je vais faire ce soir ? Regarder la télé, lire, faire un peu de couture, tester une nouvelle recette ? Il me fallait quoi déjà pour le plat que je voulais faire à Noël ? Je vais chercher mon ordinateur, l’installe. Zut, plus de batterie. Ça m’apprendra à le reclaper sans l’éteindre complètement. Où est mon chargeur ? Je fouille. Je peste. Je m’énerve. Je trouve. Ok c’est parti. Petit papier, liste des ingrédients. Check dans les armoires. Bon il me manque des ingrédients (ben tiens). J’irai les chercher demain sur mon temps de midi à la petite boutique près du boulot. On fera les tests demain soir. Je reclape l’ordi (sans l’éteindre complètement bien entendu). Je le range avec son chargeur, comme ça la prochaine fois je ne chercherai plus. Bon et bien, je vais lire. Le livre est sur ma table de nuit, mais on a fait une flambée en bas, ce sera plus sympa. Je fais l’aller-retour. J’arrive en bas, mince, me suis trompée de livre. Je devais prendre le tome 2, j’ai terminé celui-ci hier soir. Je souffle, je râle, je remonte et redescends. Je m’installe.
21h30. Plus que 30 minutes.
Je baille. *Miaou* *Miaou* Le chat réclame. Elle veut sortir. Je m’extirpe du canapé et j’ouvre la porte-fenêtre. Le chat s’avance, moustaches en avant. Elle hume l’air froid et me regarde l’air de dire : Vraiment, je suis obligée. Je lui réponds : Et bien.. C’est toi qui l’a demandé. Elle regarde au loin, s’assied, soupire. Elle me regarde à nouveau. Je tente de rester calme car si je la presse, c’est foutu.
"Oh noble reine, déesse des chats parmi les chats, que votre bon vouloir se manifeste et qu’il mette en mouvement vos délicates pattes, l’air est frais, mais vivifiant. Sortez je vous prie avant que votre palais et vos serviteurs ne se refroidissent."
*Miaou* elle s’étire les pattes avant et dans un bâillement prolongé se relève et sort doucement dans la nuit. Je ferme la porte à la hâte (elle peut toujours changer d’avis). La pièce a perdu 3 degrés.
Je m’installe à nouveau. Le plaid sur les genoux, le coussin dans le dos, la petite lumière au-dessus de l’épaule, le livre.* Aaaah soupir de contentement*. Vague sensation d’avoir oublié quelque chose, mais Prrrrt.. Je ne sais plus, donc je ne vais pas me tracasser.
21h40. Plus que 20 minutes de liberté.
Je baille. Je lis 2 pages, j’ai les yeux qui piquent. Il faut remettre une buche. Ça n’en vaut plus la peine, je vais monter dans quelques minutes. En fait, vu l’heure, je vais monter, comme ça, je suis déjà dans mon lit. Je me relève, range le salon, fais rentrer le chat – oh déesse des chats parmi les chats, tout ça, tout ça..- mets en route le lave-vaisselle et monte. Zut, mon livre. Je descends, je remonte. Je me couche.
Il est 22h. Mon temps est écoulé.
De toute façon, je suis fatiguée. Je lirai demain.
Sursaut… MERDE, mon colis Zalando. Je soupire. J’abandonne. Tant pis, demain est un autre jour.
Bonne nuit.
Tout à fait notre vie de femme Bel article
Super Alizé, chouette essai, criant de vérité, je vois qu'il n'y a oas que chez moi que le temps file 😊. Hete de lire ton prochain essai
Bel essai! Continue! 😘
J’adore …. J’ai ris et pour un moment j’ai oublié le boulot. ….c’est bizarre mais il existe également des failles temporelles chez moi … 😅
Génial Alizé ! Très beau texte! Merci pour ce moment de réalité.
Hâte de lire "Top Chrono, le temps pour écrire " ! Lol !